Les opérations sur les limites ne permettent pas toujours de déterminer la limite d'une fonction. Il faut alors changer de chemin et modifier l'écriture de cette fonction... afin de pouvoir les appliquer !
Nous allons voir comment il est possible de connaître à coup sûr la limite à l'infini d'un polynôme ou d'une fonction rationnelle. Ou encore d'autres fonctions...

 

Limites de polynômes et fonctions rationnelles

 

Limite d'un polynôme.
Déterminons la limite en +¥ du polynôme f défini pour tout réel x par :

f(x) = 3.x3 - 2.x2 + 1

Au premier abord, lorsque x tend vers +¥ :

Ainsi :
Un infini moins un autre...

L'actuelle écriture de f ne permet pas de conclure. Modifions la.

Factorisons !.

L'écriture modifiée, nous allons pouvoir manoeuvrer.
Lorsque x tend vers +¥ :
Donc :

On connaît donc la limite de l'un des deux facteurs...

De plus, lorsque x tend vers +¥, nous savons que 3.x3 s'en va vers +¥.

Connaissant les limites des deux facteurs, nous pouvons connaître celle de leur produit f(x).

Le produit d'une chose qui va vers l'infini et d'une autre qui converge vers 1...
La limite de f(x) lorsque x tend vers +¥ est égale à +¥.

Une remarque :
Si on observe attentivement ce qui vient de se passer, on remarque que c'est 3.x3 qui a imposé sa limite au produit.
Or 3.x3 est le terme dominant du polynôme f(x).
Ce qui est vrai pour le cas particulier f l'est pour n'importe quel polynôme. C'est-à-dire :

A retenir ! A savoir par coeur, cela évite beaucoup de travail !

Par exemple :

 

Limite d'une fraction rationnelle.
On considère la fonction rationnelle g définie pour tout réel x par :

Elle est belle cette fonction !
Déterminons sa limite en +¥.

Au premier abord, en utilisant ce que nous avons fait avec les polynômes, nous pouvons dire que lorsque x tend vers +¥ :

Ainsi :
Un infini divisé par un autre...

La présente écriture de g ne permet pas de conclure. Il nous faut donc la modifier.

Factorisons numérateur et dénominateur !.

Cette dernière écriture de la fonction rationnelle g est plus exploitable. Illustration :

Le quotient de deux trucs qui tendent vers 1...
C'est la fonction inverse multipliée par 0,6.

Connaissant les limites des deux facteurs, celle de leur produit g(x) est à notre portée.

Le produit d'une chose qui va vers 0 et d'un truc qui converge vers 1...
La limite de g(x) lorsque x tend vers +¥ est égale à 0.

Une remarque (encore !) :
Si on observe attentivement ce qui vient de se passer, on remarque que c'est qui a imposé sa limite au produit.
Or si l'on y regarde de plus près, on constate que :

Le quotient des termes dominants
Autrement dit, c'est le quotient du terme dominant du numérateur et du terme dominant du dénominateur qui a donné sa limite à g(x) en +¥.
Ce qui est vrai pour le cas particulier g l'est pour n'importe quelle fonction rationnelle. C'est-à-dire :

Ce théorème est aussi à retenir et à connaître par coeur !

Par exemple :

 

Une fonction avec une racine.
Nous avons vu comment déterminer les limites aux infinis d'un polynôme. Compliquons le problème en y rajoutant une racine carrée...

Déterminons la limite en +¥ de la fonction f définie pour tout x par :

A première vue :
Lorsque x tend vers +¥, les fonctions   x   et     s'envolent toutes deux vers +¥.
Ainsi :

Un infini moins un autre...
Il nous faut donc modifier l'écriture de f pour solutionner le problème...

Transformons la somme en produit. Pour cela, nous allons factoriser par x.

On factorise par x et on simplifie...
A présent, la limite est à notre portée.

Le produit d'un truc qui va vers un infini et d'une chose qui va vers 1.
La limite de f lorsque x tend vers +¥ est donc égale à +¥.

Une remarque :
On remarque que c'est en fait x qui impose sa limite.
Car la règle que nous avons vu pour les polynômes est aussi applicable à ce genre de fonction. En effet :

On factorise par x et on simplifie...
Lorsque x tend vers +¥, le terme (de degré 1)   x   impose sa limite au terme (de degré 0,5)  .
C'est le terme dominant qui l'emporte...

 

Une fonction avec deux racines.
Dans les trois précédents paragraphe, le truc qui permettait de s'en sortir consistait à factoriser par le terme de plus haut degré. Mais cet artifice a ses limites. La preuve avec ce qui suit :

Déterminons la limite en +¥ de la fonction g définie pour tout x par :

De prime abord :
Lorsque x va vers +¥, les fonctions     et     s'en vont comme deux soeurs vers +¥.
Autrement dit :

Un infini moins un autre...
Comme à l'habitude, nous devons donc modifier l'écriture de g(x).

Nous pourrions factoriser mais cela ne conduirait à rien. Pour connaître la limite de g en +¥, nous allons multiplier par sa quantité conjuguée.

A partir de là, nous pouvons conclure :
Lorsque x va vers +¥, s'en va vers +¥. Donc g(x) tend vers 0.
Ainsi :

Un gros merci à la quantité conjuguée...

 

Un mot de conclusion :
Comme nous l'avons vu au travers des quatre paragraphes précédents, il existe diverses manières permettant de lever une indétermination quant à une limite.
Même s'il n'existe pas de "recette miracle", évoquons quelques pistes :

  1. en présence d'une somme, on peut factoriser par la fonction "la plus forte". Par exemple, on peut factoriser un polynôme par son terme de plus haut degré...
  2. en présence d'un produit, il est parfois opportun de développer.
  3. en présence d'un quotient, on peut rechercher une simplification de celui-ci à l'instar de ce qui a été fait pour les fonctions rationnelles.
  4. en présence d'une fonction comportant des racines carrées, on peut utiliser la quantité conjuguée.
Il existe certainement d'autres pistes. Aussi devant une limite qui tarde à se dessiner, ne faut-il jamais désespérer !


Cette page ainsi que la quasi-totalité des éléments et de la programmation qui la composent ou qui en dépendent, ont été conçus et réalisés par Jérôme ONILLON. Elle est exclusivement mise en ligne par la taverne de l'Irlandais.
(c) AMLTI Décembre 1998/Janvier 2003. Tous droits réservés.